mardi 22 mars 2016

Pourquoi nous devons plutôt "croire" la science. par Naomi Oreskes


Reproduction de la traduction de l'article en français :

http://www.ted.com/talks/naomi_oreskes_why_we_should_believe_in_science

Tous les jours nous faisons face à des problèmes comme le changement climatique ou la sécurité des vaccins pour lesquels nous devons répondre à des questions dont les réponses s'appuient fortement sur l'information scientifique. Les chercheurs nous disent que le monde se réchauffe. Les chercheurs nous disent que les vaccins sont sûrs. Mais comment savoir s'ils ont raison ? Pourquoi devrions-nous croire en la science ? Le fait est, qu'en réalité, beaucoup d'entre nous ne croient pas en la science. Les sondages d'opinion publique montrent sans cesse qu'un pourcentage significatif de la population américaine ne croit pas que le réchauffement climatique est dû aux activités humaines, ne croit pas qu'il y a évolution par sélection naturelle, et n'est pas convaincu par la sécurité de la vaccination.

Pourquoi devrions nous croire en la science ? Eh bien, les chercheurs n'aiment pas parler de la science comme d'une croyance. En fait, ils opposeraient plutôt la science et la foi, et diraient que la croyance est du domaine de la foi. Et que la foi est une chose distincte et séparée de la science. En effet, ils diraient que la religion est fondée sur la foi ou peut-être sur les calculs du pari de Pascal. Blaise Pascal était un mathématicien du dix-septième siècle qui a essayé d'apporter un raisonnement scientifique à la question de savoir si l'on devait ou non croire en Dieu, et son pari était le suivant : Eh bien, si Dieu n'existe pas mais que je décide de croire en lui on ne perd pas grand chose. Peut-être quelques heures le dimanche. (Rires) Mais s'il existe et que je ne crois pas en lui, alors j'ai de gros problèmes.Et donc Pascal a dit que nous ferions mieux de croire en Dieu. Ou comme le disait un de mes professeurs d'université, « Il s'agrippait à la rampe de la foi. » Il a fait cet acte de foi en laissant la science et le rationalisme derrière.

Le fait est que, pour la plupart d'entre nous,

La plupart des allégations scientifiques sont des actes de foi. Dans la plupart des cas, nous ne sommes pas en mesure de juger les allégations scientifiques par nous-mêmes. Et en effet, c'est vrai pour la plupart des scientifiques en dehors de leur propre spécialité. Donc si on y réfléchit, un géologue ne peut pas vous dire si un vaccin est sûr. La plupart des chimistes ne sont pas experts en théorie de l'évolution. Un physicien ne peut pas vous dire, malgré les affirmations de certains d'entre eux, si oui ou non, le tabac provoque des cancers. Donc, même si les scientifiques eux-mêmes doivent faire un acte de foi en dehors de leurs propres domaines, alors pourquoi acceptent-ils les affirmations des autres scientifiques ? Pourquoi croient-ils les affirmations des autres ? Et pourquoi devrions-nous croire ces affirmations ?

Ce que je voudrais défendre c'est que oui, nous devrions mais pas pour la raison à laquelle la plupart d'entre nous pensent. La plupart d'entre nous ont appris à l'école que la raison pour laquelle nous devrions croire en la science est la méthode scientifique. On nous a enseigné que les scientifiques suivent une méthode et que c'est cette méthode qui garantit la vérité de leurs affirmations. La méthode que la plupart d'entre nous ont apprise à l'école, qu'on peut appeler la méthode classique, est la méthode de la déduction hypothétique. Selon le modèle standard, le modèle classique, les scientifiques développent des hypothèses, ils déduisent des conséquences de ces hypothèses, et ensuite ils vont dans le monde et disent, « OK, est-ce que ces conséquences sont vraies ? » Peut-on les observer dans le monde naturel ? Et s'ils ont raison, les scientifiques disent,« Génial, nous savons que cette hypothèse est vérifiée. »

Il y a donc de nombreux exemples célèbres dans l'histoire de la science où des scientifiques ont agi exactement ainsi. Un des exemples les plus célèbres est issu du travail d'Albert Einstein.Quand Einstein a développé la théorie de la relativité générale, une des conséquences de sa théorie était que l'espace-temps n'était pas uniquement une coquille vide mais qu'il avait, en fait, un tissu. Et que ce tissu était courbé en présence d'objets massifs comme le soleil. Donc si cette théorie était vraie, ça signifiait alors que la lumière, quand elle passait au niveau du soleil, elle devrait en fait se courber autour de lui. C'était une prédiction plutôt surprenante et ça a pris quelques années avant que les scientifiques ne soient capables de la tester mais ils l'ont fait en 1919, et il s'est avéré que c'était vrai. La lumière des étoiles se courbe bien lorsqu'elle passe autour du soleil.C'était une confirmation énorme de la théorie. Ce fut considéré comme une preuve de la vérité de cette nouvelle idée radicale, et ce fut écrit dans de nombreux journaux dans le monde.

Maintenant, parfois cette théorie ou ce modèle est utilisée comme référence du modèle déductif-nomologique, surtout parce que les universitaires aiment compliquer les choses. Mais aussi parce que dans le cas idéal, il s'agit de lois. Donc nomologique signifie que ça concerne les lois. Et dans le cas idéal, l'hypothèse n'est pas juste une idée : idéalement, c'est une loi de la nature. Pourquoi est-ce que ça compte que ce soit une loi de la nature ? Parce que si c'est une loi, on ne peut pas la briser. Si c'est une loi, alors ce sera toujours vrai partout et n'importe quand, quelles que soient les circonstances. Vous connaissez tous au moins un exemple de cette fameuse loi : la célèbre équation d'Einstein, E=mc², qui nous dit quelle est la relation entre l'énergie et la masse. Cette relation est vraie quoi qu'il arrive.

Maintenant, il s'avère qu'il y a plusieurs problèmes avec ce modèle. Le principal problème est qu'il est faux. Ce n'est tout simplement pas vrai. (Rires) Je vais vous parler des trois raisons pour lesquelles c'est faux. La première raison est une raison logique. C'est le problème de l'illusion d'affirmer le conséquent. C'est une autre façon fantaisiste et académique de dire que de fausses théories peuvent faire de vraies prédictions. Donc, simplement parce qu'une prédiction est vraie ça ne prouve pas de manière logique que la théorie est correcte. J'ai aussi un bon exemple de ça, encore issu de l'histoire de la science. C'est une image de l'univers Ptolémaïque avec la Terre au centre de l'univers et le soleil et les planètes autour. Le géocentrisme était considéré comme vrai par de nombreuses personnes très intelligentes pendant de nombreux siècles. Pourquoi ? Eh bien, la réponse est parce qu'il est constitué de nombreuses prédictions qui se sont avérées vraies. Le géocentrisme a permis aux astronomes de faire des prédictions précises sur les mouvements de la planète, en fait, plus précises au départ, que la théorie de Copernic que nous savons désormais vraie. C'est donc l'un des problèmes avec le modèle classique. Un deuxième problème est un problème pratique, c'est le problème des hypothèses auxiliaires. Les hypothèses auxiliaires sont des suppositions que les scientifiques font en étant conscients ou non de les faire. Un exemple important vient du modèle de Copernic, qui a finalement remplacé le système de Ptolémée. Lorsque Nicolas Copernic a dit, en fait la Terre n'est pas le centre de l'univers, le Soleil est le centre du système solaire, et la Terre se déplace autour du Soleil. Les scientifiques ont dit, bon OK Nicolas, si c'est vrai nous devrions être capable de détecter les mouvements de la Terre autour du Soleil. Et donc cette diapositive ici illustre un concept connu comme le parallaxe solaire. Les astronomes disaient que si la Terre se déplace et que l'on regarde une étoile connue, disons, Sirius -- bon je sais qu'on est à Manhattan et que vous ne pouvez pas voir les étoiles, mais imaginez que vous êtes dans la campagne, que vous avez choisi une vie rurale -- on regarde une étoile en Décembre, on voit cette étoile dans le contexte des étoiles éloignées. Si maintenant on fait la même observation six mois plus tard lorsque la Terre a bougé de sa position en Juin, on regarde la même étoile et on la voit dans un contexte différent. Cette différence, cette différence angulaire, c'est le parallaxe solaire. C'est donc une prédiction que fait le modèle de Copernic. Les astronomes ont cherché le parallaxe solaire et n'ont rien trouvé, absolument rien. Et de nombreuses personnes ont soutenu que ça prouvait que le modèle de Copernic était faux.

Donc que s'est-il passé ? Avec du recul, on peut dire que les astronomes faisaient deux hypothèses auxiliaires, dont on dirait maintenant qu'elles étaient incorrectes toutes les deux. La première hypothèse concerne la taille de l'orbite de la Terre. Les astronomes supposaient que l'orbite de la Terre était plus grande que la distance avec les étoiles. Aujourd'hui, on dessinerait plutôt une image comme ceci, ça provient de la NASA, et vous voyez que l'orbite de la Terre est en fait plutôt petite. En fait, elle est même bien plus petite que ce que l'on montre ici. Par conséquent, le parallaxe solaire, est très petit et en fait très difficile à détecter.

Et ça mène à la deuxième raison pour laquelle la prédiction ne fonctionnait pas, parce que les scientifiques faisaient aussi l'hypothèse que leurs télescopes étaient suffisamment sensibles pour détecter le parallaxe. Il s'est avéré que ce n'était pas vrai. Ce n'est qu'au dix-neuvième siècle que les scientifiques ont été capables de détecter le parallaxe solaire.

Il y a aussi un troisième problème. Le troisième problème est un problème factuel, Le modèle classique ne correspond pas à de nombreuses sciences. 

De nombreuses sciences ne sont pas du tout déductives, elles sont en fait inductives. Je veux dire par là, que les scientifiques ne commencent pas nécessairement par les théories et les hypothèses, souvent ils débutent par des observations de choses qui se passent dans le monde. L'un des exemples les plus célèbres est celui du scientifique le plus célèbre ayant existé, Charles Darwin. Lorsque Darwin, alors jeune homme, a embarqué sur le Beagle, il n'avait pas d'hypothèse, il n'avait pas de théorie. Il savait simplement qu'il voulait avoir une carrière de scientifique et il a commencé à collecter des informations. Il savait qu'il détestait la médecine parce que la vue du sang le rendait malade donc il devait trouver une carrière alternative. Donc il a commencé à collecter des données. Il a collecté de nombreuses choses, notamment ces célèbres pinsons. Lorsqu'il collectait ces pinsons, il les jetait dans un sac et n'avait aucune idée de ce que ça signifiait. Des années plus tard, de retour à Londres, Darwin a de nouveau observé ses données et a commencé à développer une explication, et cette explication, c'était la théorie de la sélection naturelle.

En plus de la science inductive, les scientifiques utilisent aussi souvent la modélisation. Une des choses que les scientifiques veulent faire dans la vie c'est expliquer les raisons des choses. Comment fait-on ça ? Eh bien, une des manières de le faire c'est de construire un modèle qui teste cette idée.

Voilà une photo d'Henry Cadell, qui était un géologue écossais du dix-neuvième siècle. On peut dire qu'il est Écossais parce qu'il porte une casquette à la Sherlock Holmes et des bottes en caoutchouc. (Rires) Cadell voulait répondre à la question suivante : comment se forment les montagnes ? Une des choses qu'il a observées c'est que si vous regardez des montagnes comme les Appalaches, vous remarquerez souvent que les roches sont pliées, et elles sont pliées d'une façon particulière, qui lui suggéra qu'elles étaient en fait comprimées par le côté. Cette idée jouera plus tard un rôle majeur dans les discussions sur la dérive des continents. Donc il a construit ce modèle, cette machine démente avec des leviers et du bois, et voilà sa brouette, des seaux, un gros marteau de forgeron. Je ne sais pas pourquoi il a des bottes en caoutchouc. Peut-être qu'il va pleuvoir. Il a créé ce modèle physique pour montrer que l'on pouvait, en fait, créer des motifs dans les roches, ou au moins, dans ce cas, dans la boue, qui ressemblent beaucoup aux montagnes si on les compresse sur le côté. C'était un argument sur l'origine des montagnes.

De nos jours, la plupart des scientifiques préfèrent travailler à l'intérieur, donc ils ne construisent plus tellement de modèles physiques mais plutôt des simulations sur ordinateur. Mais une simulation sur ordinateur est une sorte de modèle. C'est un modèle construit à partir de mathématiques, et comme les modèles physiques du dix-neuvième siècle, c'est très important pour réfléchir aux causes. Donc l'une des grandes questions liées au changement climatique, nous avons des quantités énormes de preuves que la Terre se réchauffe. Sur cette diapositive, la ligne noire montre les mesures que les scientifiques ont prises durant les 150 dernières années montrant que la température de la Terre a constamment augmenté, et l'on peut voir qu'en particulier que durant les 50 dernières années il y a eu une augmentation spectaculaire de presque un degré centigrade, ou presque deux degrés Fahrenheit.

Quelle est la cause de ce changement ? Comment peut-on savoir ce qui provoque ce réchauffement constaté ? Eh bien, les scientifiques peuvent le modéliser en utilisant une simulation informatique. Donc ce diagramme illustre la simulation informatique qui a observé tous les différents facteurs que nous connaissons comme influençant le climat de la Terre, les particules de sulfate de la pollution atmosphérique, les poussières volcaniques issues des éruptions, les changements de radiation solaire, et bien sûr, les gaz à effet de serre. Ils se sont posé la question : quel jeu de variables utilisé dans un modèle reproduirait ce que l'on voit réellement dans la vraie vie ? Donc ici, voici la vraie vie en noir. Voici le modèle en gris clair, et la réponse est un modèle qui inclut, c'est la réponse E sur ce QCM, toutes les propositions ci-dessus. La seule façon de reproduire les mesures de température observées, c'est en associant tous ces éléments, y compris les gaz à effet de serre, et, en particulier, vous pouvez voir que l'augmentation des gaz à effet de serre, cette augmentation très importante de la température au cours des 50 dernières années. Voilà pourquoi les spécialistes du changement climatique disent que nous ne savons pas juste que le réchauffement climatique existe, nous savons que les gaz à effet de serre en sont majoritairement responsables.

Donc, parce qu'il y a toutes ces choses que font les scientifiques, le philosophe Paul Feyerabend a fait cette célèbre citation : « Le seul principe en sciences qui n'inhibe pas le progrès est : tout est bon. » Cette citation a souvent été sortie de son contexte, parce que Feyerabend ne disait pas vraiment que tout est bon dans les sciences. Ce qu'il disait c'est, la citation complète est, « Si vous me demandez de dire ce qu'est la méthode scientifique, je devrais dire : tout est bon. » Ce qu'il voulait dire, c'est que les scientifiques font beaucoup de choses différentes. Les scientifiques sont créatifs.

Mais ça pose la question suivante en retour : si les scientifiques n'utilisent pas une seule méthode,alors comment décident-ils ce qui est vrai et ce qui est faux ? Et qui juge ? Et la réponse est que, les scientifiques jugent, et ils jugent en jugeant les preuves. Les scientifiques collectent des preuves de différentes manières, mais peu importe la façon dont ils les collectent, ils doivent les soumettre à un examen approfondi. Cela a amené le sociologue Robert Merton à se concentrer sur la façon dont les scientifiques analysent les données et les preuves, et il a déclaré qu'ils le faisaient avec une méthode appelée : « un scepticisme organisé ». Il considérait ça comme organisé parce qu'ils le font collectivement, ils le font en groupe, et le scepticisme, c'est parce qu'ils se placent en position de méfiance. Ça signifie, que la charge de la preuve incombe à la personne qui a une nouvelle affirmation. Et en ce sens, la science est intrinsèquement conservatrice. Il est très difficile de persuader la communauté scientifique de dire : « Oui, nous savons quelque chose, ceci est vrai. »Donc malgré la popularité du concept de changement de paradigme, ce que l'on voit c'est qu'en fait, les changements majeurs dans la pensée scientifique sont relativement rares dans l'histoire de la science.

Ce qui nous amène finalement à une idée supplémentaire : si les scientifiques jugent les preuves collectivement, les historiens se sont donc intéressés à la question du consensus, et peuvent dire finalement ce qu'est la science, ce qu'est la connaissance scientifique : c'est le consensus parmi les experts scientifiques qui, grâce à ce processus d'examen approfondi, d'étude collective, ont jugé les preuves et en ont tiré une conclusion, soit oui, soit non.

On peut donc considérer la connaissance scientifique comme un consensus d'experts. On peut aussi considérer la science comme étant une sorte de jury, sauf que c'est un jury vraiment spécial. Ce n'est pas un jury de vos pairs, c'est un jury de geeks. C'est un jury d'hommes et de femmes avec des doctorats, et à la différence des jurys conventionnels, qui n'ont que deux choix, coupable ou non coupable, le jury scientifique a, en fait, de nombreux choix. Les scientifiques peuvent dire oui, c'est vrai. Les scientifiques peuvent dire non, c'est faux. Ou bien, ils peuvent dire, eh bien ça pourrait être vrai mais nous avons besoin de travailler plus et de rassembler plus de preuves. Ou, ils peuvent dire que ça pourrait être vrai, mais que nous ne savons pas comment répondre à la question et que nous allons la mettre de côté et peut-être y revenir plus tard. C'est ce que les scientifiques appellent « insoluble ».

Mais cela nous amène à un ultime problème : si la science est ce que les scientifiques en disent, alors n'est-ce pas simplement faire appel à l'autorité ? Est-ce qu'on ne nous enseigne pas à l'école que faire appel à l'autorité est une logique fallacieuse ? Eh bien, voilà le paradoxe de la science moderne, le paradoxe de la conclusion, à laquelle, je pense, les historiens, les philosophes et les sociologues sont arrivés ; qu'en fait la science est un appel à l'autorité mais il ne s'agit pas de l'autorité d'un individu, quelle que soit l'intelligence de cet individu, comme Platon, Socrate ou Einstein. C'est l'autorité de la communauté dans son ensemble. Vous pouvez y penser comme une sorte de sagesse de la foule, mais une foule très spéciale. La science fait appel à l'autorité, mais ne se base pas sur n'importe quel individu, quelle que soit l'intelligence de l'individu. Elle se base sur la sagesse collective, la connaissance collective, le travail collectif de tous les scientifiques qui ont travaillé sur un problème particulier. Les scientifiques ont une sorte de culture de la méfiance collective cette culture du « Montre-moi », illustrée par cette belle femme ici montrant à ses collègues ses preuves. Bien sûr, ces gens ne ressemblent pas vraiment à des scientifiques, parce qu'ils sont trop heureux. (Rires)

OK, ça m'amène à mon dernier point. La plupart d'entre nous se lèvent le matin. La plupart d'entre nous font confiance à nos voitures. Voyons, je me dis, je suis à Manhattan, c'est une mauvaise analogie, mais la plupart des Américains qui ne vivent pas à Manhattan se lèvent le matin et montent dans leurs voitures, mettent le contact et leurs voitures fonctionnent, et elles fonctionnent incroyablement  5/5
bien.
L'automobile moderne tombe rarement en panne.

Comment ça se fait ? Pourquoi les voitures fonctionnent-elles si bien ? Ce n'est pas grâce aux génies comme Henry Ford, Karl Benz ou même Elon Musk. C'est parce que la voiture moderne est le produit de plus de 100 ans de travail de centaines, de milliers, de dizaines de milliers de personnes. La voiture moderne est le produit d'un travail de collecte de sagesse et d'expérience de chaque homme et femme qui a travaillé à un moment sur une voiture, et la fiabilité de cette technologie est le résultat de cet effort accumulé. Nous ne profitons pas uniquement du génie de Benz, Ford et Musk mais de l'intelligence collective et du dur labeur de toutes les personnes qui ont travaillé sur la voiture moderne. La même chose est vraie pour la science, sauf que la science est même plus ancienne. La base de la confiance dans les sciences est la même que la base de la confiance dans les technologies, et la même que la base pour croire en n'importe quoi, à savoir, l'expérience.

Mais nous ne devrions pas faire confiance aveuglement, tout comme nous ne devrions pas croire aveuglement en quoi que ce soit. Notre confiance en la science, comme la science elle-même, devrait être fondée sur les preuves, et ça signifie que les scientifiques doivent devenir de meilleurs communicants. Ils doivent nous expliquer non seulement ce qu'ils savent mais comment ils le savent, et ça implique que l'on devienne de meilleurs auditeurs.

Merci beaucoup.

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