vendredi 20 novembre 2015

Améliorer ses capacités de lucidité critique : nous apprend-on à mieux penser ?

L'information accessible est abimée par l'absence de quete de sens.

Nombre d'articles se contentent de rediffuser sans aucune distance critique. Quand ce n'est pas après avoir effectué un tri soigneux entrainant un mensonge par omission.

Les mots sont le plus souvent détournés de leur sens véritable et asservis tel que Orwell nous en avait mis en garde. La société est comme un individu névrosé, décentré, qui souffre et se ment à lui-même.

Les biais cognitifs (*) font le reste et bien peu est fait pour faire respecter l'honneteté intellectuelle.

Nous aide-t-on à apprendre à penser ?
Bien peu.

Proposez vos idées pour progresser collectivement ? Par exemple :


Ethique de comportement dans mon quotidien de citoyen :

1 Je ne prends pas pour argent comptant une affirmation, un chiffre, j'instruis systématiquement à décharge. Le numérique me le permet désormais.

2 Je replace un fait dans sa globalité, quitte à réaliser que c'est l'inverse qui peut etre vrai. (pensée systémique)

3 Maintenant que j'ai acquis un peu de savoir, je garde à l'esprit que je sais peu. Je n'affirme pas mais je questionne. Mais mon humilité ne m'entraine pas pour autant à douter de tout, comme un complot généralisé. Je recherche la nuance hors de la pensée binaire occidentale et de l'hubris.

4 On ne parle jamais mieux inconsciemment que de ce qu'on est. Je m'attache donc à être congruent plutôt qu'à émettre des incantations envers le "nous devrions" et sur ce que je n'arrive pas à être moi-même.

5 Le budget de l'Etat est notre ressource commune, au coté du bénévolat. Son affectation doit être strictement proportionnelle aux mérites attendus, entre court et long terme, dans l'intéret général.

6 Tout est dans la dose : un danger peut paraitre dramatique et n'être en fait que négligeable. La peur ne doit plus me gouverner, et je dois hiérarchiser rigoureusement les réels périls et en déduire mes actes, guidé par la science.

7 Je règle mon optimisme en fonction des plus démunis plutôt qu'aux plus nantis. Je me donne les moyens d'obtenir ce que souhaite; ce que je ne peux changer je l'accepte. Et je renonce au contrôle excessif des événements. L'empathie me garde des excès

8 Ne pas choisir c'est aussi choisir. La vie suppose le changement, l'immobilisme entraine l'usure par "frottement" grandissant avec le réel. La paresse et l'ignorance conduisent à la souffrance.
La démocratie doit se définir des devoirs.

9 L'émancipation collective suppose l'assertivité individuelle.
Le stop and go politique empêchant l'efficience, un récit national doit nous permettre de vivre notre identité et fonder les conditions de soutenabilité de notre société.

10 L'amour reste la valeur centrale. Et l'irrationnel doit être respecté, avoir sa place comme composante humaine nécessaire. Sans compromettre l'émancipation en marche.

jeudi 12 novembre 2015

Pour faire de l'audience, le journaliste doit il publier sans instruire scientifiquement son sujet ? L'exemple du kite-surf...

http://www.franceinter.fr/emission-planete-environnement-le-vent-nouveau-carburant-du-trafic-maritime 



Nathalie Fontrel a vanté l’émergence dans certains esprits de contribuer à la propulsion des grands navires par des voiles de kite surf.

Ceci en apportant comme caution que le projet  "Beyond the sea" est  labellisé Cop 21, soutenu par l'Ademe et par le troisième transporteur maritime de la planète. 

Question : est-ce au journaliste de vérifier le caractère scientifique de ses publications en comparant une thèse auprès de ses contradicteurs ? 

Nous pensons que oui. 

Sinon:
- le greenwashing se répand
- le public croit pouvoir se passer des seules solutions qui fonctionnent et ne vote plus pour les politiques qui parvienne à sortir la France de la crise mais pour "ceux qui rasent gratis": les extremes politiques et vertes en général et les autres  peu courageux qui leur courent après.

Mais la tentation est trop grande de publier un joli conte, et tant pis si on décervele l'électeur hésitant et peu au fait des enjeux.


Réaction à la chronique concernant la possibilité d’équiper les navires marchands de voiles et de contribuer ainsi à réduire substantiellement leur consommation de produits pétrolier par un ingénieur du Génie Maritime :

Cette chronique contient plusieurs erreurs de première grandeur qui font conclure que ce genre de propos relève de l’utopie toute pure :

Un point de détail tout d’abord : vous faites référence à un voyage d’un tanker de 60 000 tonnes de Paris à New York ce qui n’a manifestement aucun sens. Je ne vois pas comment un tel navire pourrait descendre la Seine après avoir réussi l’exploit de la remonter. Vous auriez pu choisir le Havre pour rester concrète et dans le domaine du possible.

Ensuite - et c’est un point plus substantiel - les voiles et encore plus celles de type kite surf fonctionnent bien vent de travers, assez mal vent arrière, et pas du tout lorsqu’il faut remonter le vent. Sur le trajet Le Havre New York, qui était votre exemple, en prenant la route directe de l’orthodromie (c’est ce que font tous les navires pour minimiser la distance à parcourir ) on est assuré, statistiquement parlant, d’avoir des vents venant de face et donc inutilisables pour une voile de type kite. Je ne vois donc pas comment la consommation de carburant d’un tel navire peut être réduite de 20% de ce fait. 
la rencontre de vents contraires ou utilisables mais faibles fait qu’un qu’une propulsion à la voile est inutilisable si - et c’est le cas - on privilégie le temps de parcours et non pas d’aller - pour le parcours Le Havre New York que vous avez considéré - prendre la route des alizés où les voiles pourraient fonctionner. C’est la raison qui a fait que les navires à voiles ont été éliminés du mode de propulsion des navires dès que l’on a pu disposer de moteurs puissants et fiables; ceci s’est fait en moins de 10 ans!
d’ailleurs, ainsi que vous l’indiquiez dans votre chronique, les Allemands ont réalisé un système de ce genre il y a quelques années. Renseignez-vous sur le bilan que l’armateur en a tiré. Quelles économies ont été générées réellement? Ce système continue-t-il d’être exploité? A-t-il été étendu par l’armateur à d’autres navires de son armement? Il est probable que toutes ces questions recevront des réponses concluant à l’échec de ce genre de propulsion pour les grands navires ! 

Un autre point qu’Yves Parlier connait bien : la difficulté de manoeuvre de grandes voiles par vent soutenu. Avez-vous vu la difficulté d’envoyer et d’affaler les grands spinakers  de seulement 400 mètres carrés sur les voiliers qui courent la Whitbread, cette course autour du monde pour des voiliers de 25m? Imaginer que des marins qui ne sont pas des voileux puissent maitriser des voiles 10 à 1000 fois supérieures en taille relève de la poésie toute pure !

Ensuite votre démonstration piétine complètement la notion des ordres de grandeur nécessaires pour qu’un projet de ce genre fonctionne réellement. Un voilier - comme un First 38 pesant 6 tonnes - est équipé d’une grand voile et d’un génois qui ont une surface que j’arrondis à 100 mètres carrés pour faciliter les calculs. Par bon vent, force 5 (35 km/h environ) , de travers il avance à sept huit noeuds . Les navires tels les super tankers ou porte conteneurs marchent à 15 noeuds environ. La puissance nécessaire, en première approximation, est proportionnelle au déplacement puis à la puissance 2,5 de la vitesse. Il faudrait donc, toutes choses égales par ailleurs, mettre une voile dont la surface serait 100 multiplié par 60000/6 puis encore multiplié par (15/8) élevé à la puissance 2,5. Je vous épargne le calcul : ça amène à une surface dont je prends les 20%, puisque c’est cette proportion d’économies donc de puissance propulsive dont vous avez parlé, pour aboutir à l’ordre de grandeur de la surface de voile nécessaire 960 mille mètres carrés! Vous avez bien lu. C’est tout bonnement inimaginable et irréalisable.
 
En conclusion je crois que vous vous êtes laissée séduire par des documents que vous avez lu sans avoir songé à vérifier la faisabilité de ce qui était exposé et que vous avez repris sous votre plume leur donnant une audience qu’ils ne méritaient pas.
 

JPA