jeudi 22 octobre 2015

"Tout est dans la dose" !

Nombreuses sont les études dans la presse qui nous prennent en otage par la peur et nourissent notre complotisme.
Trions les vérités et les spéculations maladroites ?

Pesticides, perturbateurs endocriniens, ondes, radioactivité,... On voudrait vraiment nous tuer à petit feu par cupidité ? Doit-on un peu nuancer cela ?

Ou bien les doses sont-elles assez minimes pour n'avoir dans la plupart des cas que des conséquences très très négligeables vu les strictes limites fixées par les autorités sanitaires ? Pour un bénéfice collectif réel ? Bien sûr occasionnellement des industriels, souvent à l'import, doivent dépasser les normes.

Donc difficile pour le citoyen de s'y retrouver. Alors il écoute les plus alarmistes : les journalistes. Pas les scientifiques, qui sont forcément tous corrompus sous prétexte que l'industrie du tabac a inventé la fabrique du doute.

Et par exemple Greenpeace s'engouffre dans la brèche et ne manque pas à l'appel pour recruter des donateurs naïfs et idéalistes en jouant les "lanceurs d'alerte". Mais que valent scientifiquement leurs affirmations ?


Mais tout est dans la dose ! Demandons "Combien ?" !

Sachons déjà que sans précision rigoureuse du niveau relatif, un article comme celui ci dessus se décrédibilise. 

Avec les nouvelles techniques, on trouve de tout partout mais tellement faiblement que cela n'a souvent plus aucune incidence réelle. Au lieu de s'en réjouir, on frémit ! Pourtant, sans en avoir conscience, nous profitons chaque jour de l'abondance rendue possible par ces produits et leur bonne usage. Bien sûr les doses baissent encore quand des procédés vertueux sont découverts, mais nos taux n'ont rien à voir avec les niveaux des années 50 ! Qui le rappelle ?

Pour les cancers, il me semble que leur augmentation tient aussi beaucoup à la démographie, à l'amélioration de leur détection et aux surtraitements (exemple la prostate).

Quant à la critique du
"lobbying" des industriels (mot valise), cela cache souvent la non pertinence des arguments scientifiques.

1-Par exemple, il y a eu récemment un désaccord sur la dangerosité
des bisphenols  (dits "perturbateurs endocriniens"). Les experts
européens et américains (FDA) ont estimé qu'il n'y avait pas
péril en la demeure, les concentrations moyennes auxquelles
on est exposés étant suffisamment basses.

Or ce n'est pas l'avis de l'ANSES. On peut réfléchir à ce
débat, mais Le Monde s'est appuyé sur les accusations du
"lobby vert" à l'égard des experts européens pour insinuer
qu'ils avaient de graves conflits d'intérêt.


Pour mémoire deux références (parmi N) sur les perturbateurs endocriniens, communiquées par Le Monde) :

- la revue de littérature/expertise des académies des sciences européennes est ici :
http://www.easac.eu/fileadmin/Reports/Easac_15_ES_web_complete_01.pdf

- celle de l'Endocrine Society est lisible là :http://press.endocrine.org/doi/pdf/10.1210/er.2015-1093

Je pense que ce type de méthode est malhonnête : souvent, les
meilleurs experts en épidémiologie ont des rapports avec
l'industrie, et l'ANSES, ayant introduit des critères très stricts (suite au médiator), a mis en avant un peu facilement
des scientifiques peu expérimentés et facilement influencés par
les excès du précautionnisme ambiant. 

Quand on connait les chercheurs, on sait que leur recherche effrénée de financements les pousse souvent à mettre en exergue des micro-effets.

Et les désaccords et conflits entre commissions ? il suffit de voir les divergence entre l'ANSES et l'AFSEA...: il me semble qu'il est difficile que les perturbateurs endocriniens soient responsables de tant de crimes.

2-Un autre exemple est la manière dont (encore) Le Monde a repris sans
aucune relativisation une étude à charge sur l'influence du DDT sur les cancers du sein en Californie [discussion
difficile, je le reconnais, car elle touche à une bonne utilisation des statistiques].

Il y a beaucoup de papiers dans d'excellentes
revues qui donnent des résultats contradictoires, et les arguments
de la FDA ou de l'EFSA ("pas nécessaire de baisser en urgence les
seuils") ne semblent pas déraisonnables. Annoncer des catastrophes
sanitaires comme le fait Le Monde est irresponsable.

Qui conteste cette dérive inquiétante de la presse tentée par un certain sensationnalisme ?

En France, le courant rationaliste - opposé au relativisme incarné par le sociologue Bruno Latour - est principalement représenté par deux associations : l'Union rationaliste (UR) et l'Association française pour l'information scientifique (AFIS). 

Je crois que nous devons combattre ce relativisme à la Latour qui mine toute possibilité de progrès (scientifique, technique, industriel, de santé publique et économique) de notre pays. Notamment en sapant systématiquement les avis des experts.

Ce Latour a réduit les découvertes scientifiques à une bonne communication
des découvreurs, sans jamais se poser celui de la vérité scientifique

Prenons un peu de recul et relativisons. 

Si les alarmistes avaient tant raison, l'espérance de vie serait-elle en hausse si rapide comme l'INSEE le démontre ici ?
Les bouc émissaires faciles ont le défaut de nous exonérer un peu vite d'une remise en question plus générale de l'alimentation transformée et des nos excès réellement délétères (suralimentation en sucres, hydrates de carbone, sels, mauvais gras, cuit, psychotropes, sédentarité, stress, pessimisme et mauvaise humeur,...)









Pour autant, le conformisme visant à ne rien changer nous guette également.

Tout n'est pas à jeter dans les critiques. Le "tout productivité" est évidemment une dérive actuelle répandue. Le curseur n'est pas satisfaisant et ce ne sont pas les industriels qui conseilleront de réduire au mieux leurs produits, quitte à abaisser leur rentabilité.
Il y a aussi de la lutte de classe dans ce débat. Que les plus modestes soient parfois exposés aux épandages, cela émeut peu les décideurs nantis, peu inquiets pour leurs enfants. Pareillement pour les pays en développement où les industriels ont les mains plus libres que dans nos contrées : notre insuffisante action est-elle coupable ? On peut l'affirmer.

Donc non, l'effet de ces produits n'est pas massif, pour autant des dommages collatéraux peuvent se cacher dans ces généralités :

Pour en savoir plus:
Une vidéo pédagogique qui instruit à décharge:

Une analyse détaillée:


Plus généralement, écouter l'excellente émission sur France Culture : "Qu'est ce qu'un risque acceptable ?"

https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/quest-ce-quun-risque-acceptable

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